CHATEAUNEUF-DU-RHONE



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



CHATEAUNEUF-DU-RHONE



CHATEAUNEUF-DU-RHONE (Castrum novum supra Rhodanum). - Cette commune est à 8 kilomètres de Montélimar, sur la grande route de Lyon à Marseille. Son territoire forme une vaste plaine, bornée au nord par celle de Montélimar, à l'ouest par le Rhône, à l'est et au midi par une chaîne de coteaux circulaires, dont les uns sont couverts de bois taillis, tandis que les autres ne présentent que des rochers nus ou des terres infertiles. Ces rochers sont calcaires ; ils lient la chaîne des Alpes avec les montagnes de l'Ardèche, dont ils semblent n'être que la continuation : c'est la même nature de pierre, la même direction dans les couches, qui paraissent avoir été interrompues par une immense fracture, ou plutôt par l'action des eaux du Rhône qui s'y sont frayé un passage.
Dans un site pittoresque, au pied du coteau et à peu de distance du Rhône, le village est à l'entrée d'un étroit défilé qui communique avec Donzère. Il était autrefois traversé par la grande route du Languedoc, mais depuis la nouvelle direction qu'elle reçut en 1757, il en est à un quart de lieue. Entouré de murailles, il était, dans les temps féodaux, dominé de chaque côté du défilé par un château-fort.
Les principales productions du sol sont les grains, la soie, les noix, les amandes et surtout le vin.
La population de Châteauneuf est de 1,333 individus, et bien qu'il s'y tienne deux foires par an, les habitans ne font aucun commerce. La montagne qui borne le territoire au midi renferme des mines de fer et de houille, et une carrière de marbre blanc veiné de rouge mat : on pourrait aisément les exploiter et en tirer parti.
Cette commune est en face de Viviers : il y a un bac pour communiquer d'une rive à l'autre du fleuve.
Dans l'intérieur du village sont encore des restes de constructions du moyen âge, qui annoncent que ce lieu fut alors habité par des familles opulentes. C'est, dit-on, le reste d'une cité plus considérable détruite par les Sarrasins, et dont l'ancien nom s'est perdu. On voit, à un quart de lieue dans la plaine, une vaste enceinte que traverse le chemin de Montélimar à Châteauneuf, et qui conserve le nom de Palais ; elle était fermée par une muraille circulaire qu'on distingue encore. L'intérieur, aujourd'hui couvert de vignes, est rempli de décombres qui indiquent l'emplacement d'un ancien édifice, qui fut sans doute remarquable par sa magnificence et son étendue. On trouve dans cet endroit des fragmens de mosaïques, des tronçons de colonnes, des débris de statues, des urnes, des pierres gravées et des médailles romaines.
J'ai vu moi-même, en octobre 1833, dans ce quartier et dans une vigne de M. de la Mure, un beau fragment de mosaïque qui mériterait d'être plus soigneusement conservé. J'ai également vu, dans le jardin de la ferme voisine, un cippe de pierre tendre, qui supporte une ruche à miel, sur lequel on lit l'inscription suivante :
D N C SEVERI VS IVLIA NVS SVA DVIII AEI VII ANEA IMARIPI ENIISSIM
Près du village, du côté du Rhône, est la fontaine de Morterol, où l'on remarque les vestiges d'une construction romaine. Enfin, sur la cime de la montagne située au midi, on voit la base d'un mur avec des saillies, qui semble indiquer la trace d'un ancien camp retranché.
Châteauneuf est la patrie du marquis de Courbon. Né en 1638, il entra d'abord comme volontaire au service des Pays-Bas, servit ensuite en France en qualité de lieutenant, puis en Allemagne comme major pendant la guerre contre les Turcs, enfin comme colonel et maréchal-de-camp au service de la république de Venise ; il se signala à la prise de Coron et du Nouveau-Navarin, et fut tué d'un coup de canon au siége de Négrepont en 1688. Sa vie, écrite par Aimar, juge de Pierrelatte, a été publiée à Lyon, 1692, in-12.

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